Ceija Stojka est née en Autriche en 1933, dans une famille rom lovara, marchands de chevaux d’Europe Centrale. Elle est déportée à l’âge de dix ans avec toute sa famille et survit à trois camps de concentration, Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen. Certaines sources décomptent jusque 500.000 victimes roms de l’extermination nazie. Ce génocide rom porte le nom de Samudaripen à l’instar de la Shoah pour les juifs.
C’est seulement quarante ans plus tard, en 1988, à l’âge de cinquante-cinq ans, qu’elle ressent la nécessité d’en parler ; autodidacte, elle se lance dans un fantastique travail de mémoire qui aboutit à la publication de plusieurs ouvrages et à la création de plus d’un millier d’œuvres.
Elle devient la première femme rom rescapée des camps de la mort, à témoigner de son expérience concentrationnaire et de celle de son peuple, contre l’oubli, le déni, face au ségrégationnisme et au racisme ambiant.
Ces œuvres ont été réalisées sans ordre chronologique entre 1988 et 2012.
Outre les mots ou les phrases qu’elle trace souvent sur ses dessins et ses tableaux (des textes sont parfois développés au dos des œuvres), on remarque une récurrence de motifs : barbelés, corps enchevêtrés, forme anguleuse des SS, fumées, ciels flamboyants, corbeaux. Un motif est décliné de façon permanente, accolé à sa signature : celui d’une branche d’arbre, souvenir et symbole de vie du petit arbre dont elle s’est nourrit, et qui l’a sauvé à Bergen-Belsen.
Ceija Stojka est décédée en 2013.
Ce livre T.O.T. édité par Le Dernier Cri, accompagne l’exposition conçue par Lanicolacheur et La maison rouge.
Friche la Belle de Mai – Marseille du 11 mars au 16 avril 2017
La maison rouge – Paris du 23 février au 20 mai 2018